The Moon that Embraces the Sun

1ères Impressions




 


Il faut que j'en parle. Si je n'en parle pas je vais devenir folle ! L'épisode 6 m'a juste mise dans un état très similaire à celui dans lequel j'étais pendant le visionnage de City Hunter, et j'ai à la fois très envie et absolument pas le désir de revivre ça (c'est épuisant toute cette hystérie et toute cette addiction, mais au moins, ça montre qu'on est face à un drama génial). Ici, il faut quand même souligner qu'ils ont réussi l'extraordinaire tour de force de nous scotcher (je me permets de dire nous, parce que ce drama était déjà le premier dans les ratings de Seoul dès le 4e épisode quand même et que son audimat ne cesse d'augmenter !) DES la période d'habitude assez introductive et longuette de l'enfance. 

Il faut dire qu'on entre directement dans le vif de l'action, que magie, romance, secrets, trahisons sont les ficelles universelles d'un bon drama et savent retenir l'attention. Mais je crois qu'il faut s'incliner devant la performance des acteurs - à mon humble avis, on tient de futurs petits prodiges de l'écran. Si les innatentions anachroniques qui ont échappées aux monteurs énervent certains spectateurs - selon les titres de
Soompi (entre autres) - cela ne semble pas réfréner le public de se jeter sur le drama et d'en faire des éloges à tour de bras. Seulement 6 épisodes, et déjà 355e drama sur Dramacrazy, alors que c'est un drama historique promis à 20 épisodes ! 


 

Bref, c'est la ruée sur l'or, et une année 2012 qui commence sur des chapeaux de roues. 

 
 

J'ai déjà parlé de ce drama dans mon
Journal de visionnage du 12/01, mais j'ai décidé de m'arrêter dessus pour souligner à quel point Kim Soo Hyun est extraordinaire. Il n'est apparut pour le moment que dans l'épisode 6, et pourtant, sa présence est déjà installée. Si Jung Il Woo n'a clairement pas eu le même impact, bien qu'il soit complètement crédible comme reprise plus âgée du personnage interprété par Lee Min-Ho (nom ô combien prometteur XD), Kim Soo Hyun donne déjà une nouvelle dimension au personnage de Lee Hwon. J'ai vraiment été abasourdie : j'essaye d'analyser d'où vient son charisme... j'ai un peu du mal et je n'ose pas m'avancer, mais je pense qu'il a une force de jeu phénoménale (... attendez, j'explicite ce constat banal). J'avais déjà remarqué ça dans Will It Snow For Christmas?, et dans Dream High aussi, bien que ça n'entre en scène que dans la seconde partie : il est capable de faire ressentir extrêmement fort des émotions tout en donnant l'impression de tout garder au fond de lui. Dans Will It Snow For Christmas?, c'était particulièrement frappant. Ca fait naturel, et dans le monde de la télé asiatique où le jeu est à l'outrance, il détonne agréablement.


 

Si je m'arrête sur le 6e épisode, je dois m'arrêter aussi sur les précédents : parce que tous ne font que faire augmenter cette sorte étrange d'addiction qui explose dès que la seconde période démarre. Le pilote est on ne peut plus réussi, on entre vraiment immédiatement dans le vif du sujet - un peu comme dans City Hunter, mais les manipulations politiques en moins, ici, elles sont plutôt suggérées, et on y privilégie les personnages et les relations qui les lient. Les épisodes suivant ne font qu'approfondir les bases tout en déroulant l'action dans le même temps avec brio. J'ai assez envie de comparer ce drama avec Baek Dong Soo et Ilijmae. Dans Baek Dong Soo, la période enfance était vraiment bien, je ne me suis absolument pas ennuyée, mais elle était loin de dégager la même force d'attraction, quand à Ilijmae, l'introduction était quand même un peu longuette, et pourtant, ce sont deux dramas que j'ai vraiment adoré. Ici, on est face à une toute autre exposition du talent de l'auteur de Sunkwyunkwan scandal : la trame est beaucoup plus sombre, tragique, et pourtant on sent bien que c'est le même naturel, la même sagesse, la même réflexion qui sont au mis au profit de l'histoire. Je serais tenté pour le moment de dire que c'est une vraie perle, et sûrement l'un des futurs "grands" dramas de l'année 2012... mais o
n ne sait jamais comment un drama va tourner, c'est l'ennui (cf City Hunter et sa légère chute des quatre derniers épisodes, ou pire, l'effondrement de Myung Wol The Spy, dont le début était entraînant, et qui est dramatiquement devenu un flop absolu).
 

Un autre point fort, c'est que si Sunkyunkwan Scandal avait fait découvrir l'univers des "scholars", des étudiants assidus de la philosophie de Confucius, ici, c'est l'univers des chamanes qu'on promet de nous dévoiler. Etant tout particulièrement intéressée par les anciennes religions, les mystiques, le bouddhisme, le taoïsme, le shintoïsme, bref, tout ce qui tient des philosophies zen ou des religions polythéistes, je me suis jetée sur tout ce que je pouvais dénicher dessus. Ca n'a pas été facile, parce que sur chamanes, certes, on a pas mal d'informations, mais sur les chamanes coréens à l'époque du Choseon, c'est une autre paire de manches ! Hallelujah, la fac qui est près de chez moi à une bibliothèque géniale et a toute une branche de cursus centrés sur l'Asie, j'ai donc réussi à trouver une mine d'information sur les chamanes (oui, je suis une fille étrange qui va à la bibliothèque lire des bouquins rébarbatifs en anglais sur le chamanisme dans la Corée du XVe siècle pour le plaisir ^^").

C'est la légende la création du monde qui m'a d'abord interpellée (je vais vous donner ici ma traduction (donc approximative) de la traduction anglaise du texte coréen qui a été donnée dans Religion of Korea in Practice) : 


 

"Au temps où le Ciel et la Terre vinrent à prendre corps,
Quand Maitreya naquit
Le ciel et la terre furent liés l'un à l'autre.
Maitreya vit que le ciel se creusait comme un bol de céramique*,
Et aux quatre coins de la terre
Il érigea des piliers de cuivre pour supporter le ciel.
Il y avait à cette époque
Deux soleils et deux lunes.

Maitreya prit une lune et avec elle
Créa les montagnes du Nord et les montagnes du Sud.
Il prit un soleil et en fit de multiples étoiles : 
Des petites étoiles, il fit les étoiles qui gouvernaient la vie du peuple,
Des grandes étoiles, il fit les étoiles qui gouvernaient la vie du monarque et de ses ministres."

(Note : *j'ai un peu du mal à trouver un équivalent en français de "cooking pot" qui conviendrait pour l'époque du Choseon)

Je n'ai pas tout écrit, après ça, cela n'a plus vraiment de rapport avec le drama...

Le poème est de nature orale, et a été retranscrit très tardivement à l'écrit - donc déformé par les âges, et les influences que lechamanisme a depuis subi (l'idée d'une terre carrée et d'un ciel rond supporté par des piliers étant typiquement chinoise) et ce poème m'a fait me demander comment Jung Eun-Gwol avait joué de la légende. J'ai bien réfléchi, et je n'ai rien trouvé pour le moment. Par contre, comment elle bascule sans cesse d'une réalité historique à une fiction totale est assez impressionnant. Je voulais me pencher sur ce point quand je regardais Sunkyunkwan Scandal, mais je n'avais pas pu, alors là, j'avais vraiment envie de faire le point, histoire d'apprendre des choses juste, de distinguer le vrai du faux - et surtout le vrai. 

Une scène m'avait marquée : [ATTENTION SPOILER] celle où la Reine menace Jank Nok-Young (la chamane) et parle d'opposition des étudiants du Sunkyunkwan à l'ordre des chamanes.[FIN SPOILER]. 

   

En effet, les chamanes ont joui d'une immense popularité durant toute la première partie de l'histoire de la Corée du Choseon (grosse-modo XIVe - XVIIIe siècle), mais ils étaient considérés comme des affabulateurs par les adeptes du confucianisme. Le Sunkyunkwan a en effet fait pression pendant des années, si bien que vers le milieu de l'époque Choseon, un édit de dissolution est ordonné par le roi et interdit les pratiques chamanes - celles-ci continuent toutefois d'avoir lieu, de façon plus prononcée dans les régions éloignées de la capitale, ce qui explique que cette religion ait survécu jusqu'à nos jours. La reflexion est donc parfaitement accordée au contexte historique réel.

Seconde remarque que je m'étais faite : le chamanisme est-il uniquement pour les femmes, et le confucianisme uniquement pour les hommes ? Au final, c'était un peu l'impression que donnait Sunkyunkwan Scandal et que donne The Moon that Embraces the Sun

Explication : si le chamanisme touche plus les femmes, c'est pour la simple raison que le confucianisme est certes très admiré, très répandu, et offre beaucoup, mais il offre bien moins aux femmes que ce qu'il en demande. En effet, sur toute la question de la maternité, le confucianisme est extrêmement strict, de même sur la question du mariage. Une veuve devait le rester, elle n'avait pas le droit de se remarier, par exemple - et ce que son mari soit mort lorsqu'elle avait 20 ans ou 40. Les femmes cherchaient une sorte de réconfort dans le chamanisme - un peu comme aujourd'hui dans l'astrologie, les horoscopes - un espoir qu'elles n'avaient pas lorsqu'elles étaient confrontées à Confucius. Néanmoins, le chamanisme n'est pas exclusivement féminin et il existait des hommes chamanes, si j'ai tout bien compris (sur ce dernier point, je ne suis pas sûre à 100%). 

La dernière question que je me suis posée était de savoir quel était le rôle exact des chamanes, et pourquoi s'ils étaient si méprisés par les intellectuels, avaient-ils tant d'importance auprès de la famille royale ?


  


Le chamanisme était un religion pour tout le monde, dans cette sorte de mentalité typiquement coréenne - et plus largement, de l'Asie orientale - ils agissaient dans l'intérêt général, plutôt que pour des désirs individuels. Leurs spécialités ? Les exorcismes, les prédictions à la naissance et les prédictions de naissances, les auspices, le rituel des ancêtres et la possession - le chamane était un pont entre l'hommes et les divinités (pour la plupart empruntées du bouddhisme - comme Chesok - ou alors typiquement "chamanes" si l'on peut dire, comme les Gumiho (dont cette chère Mi-Ho n'est pas un exemple très fidèle : trop naïve, trop gentille, trop sincère ^^)). Le chamane est en ce dernier point un peu comparable aux oracles, aux pythies de Delphes : en entrant en transe, il pouvait faire parler les esprits. 
Toutefois, contrairement aux Bouddhistes, qui vivaient dans des temples, de manière frugale, les chamanes étaient considérés comme chaque membre du peuple du royaume : ils devaient payer les taxes. Néanmoins, le succès de la discipline leur permettait de vivre tranquillement malgré ce que l'on pourrait croire. 

Bref, pour en revenir à la famille royale... en fait, cela fonctionne exactement comme dans le drama : on demandait aux chamanes d'observer l'aura des nouveaux nés, l'aura de telle ou telle personne susceptible de monter sur le trône, de prédire la naissance de l'héritier de la couronne... un rôle d'importance, au final, que je n'aurais jamais soupçonné sans ce drama. J'ai bien lu L'histoire de Hong Kiltong écrite par Ho Kyu-Un, qui, il est vrai parle bien de chamanisme, et lorsqu'on voit les pouvoirs d'Hong Kiltong, et que l'on pense qu'à cette époque ces pouvoirs étaient véridiques aux yeux des coréens, j'aurais peut-être du y penser un peu plus tôt.... mais je n'avais absolument pas percuté que cela pouvait avoir tant de place dans le quotidien de l'époque. 

Alors pourquoi ne voit-on pas plus souvent de chamanes ? Parce que malgré tout le bouddhisme le surpassait quand même ? Parce que les confucéens avaient beaucoup plus d'importance ? Parce que tous les dramas historiques se passent dans la seconde moitié de l'époque Choseon ? Parce que les coréens font de la résistance massive face au chamanisme qui survit faiblement en Corée ? Parce que les scénaristes les oublient ? 

Ou se découvrir un intérêt insoupçonné pour le chamanisme ^^ 


 


Tout ça mis à part, après tout, ce n'est qu'un petit plaisir personnel, ce drama est un drama que je recommande hautement, c'est vraiment génial, ça se regarde tout seul, et à la fin de l'épisode 6, vous atteindrez un haut niveau d'addiction - surtout si vous êtes fan au préalable de Kim Soo Hyun (comme c'est mon cas !).
Quelques défauts, on est pas das The Princess' Man qui a réussi à atteindre des sommets, mais c'est quand même un autre niveau, scénaristiquement parlant, que Sunkyunkwan scandal  (qui était déjà super) ! Je ne sais pas si c'est du côté de l'auteur ou du directeur - ou encore des acteurs - que tout se joue, mais chapeau pour ce début qui met l'eau à la bouche et me fait me demander comment - bon sang, oui, comment ??? - je vais faire pour tenir jusqu'à la semaine prochaine... 


 

Jetez-vous dessus ! Mais si vous avez des problèmes cardiaques, attendez plutôt sagement qu'il soit fini =)